lundi 21 mai 2007

Mille fois plus

L’initiative du collectif Avion Rouge est mentionnée dans le hors-série du Vif/L'Express intitulé «La planète à bout de souffle». Une vilaine coquille s’est malencontreusement glissée dans le texte. Le transport aérien d’un kilo d’asperges du Pérou n’émet pas «8,4 grammes de CO2», comme cela est écrit, mais bien 1000 fois plus, soit 8400 grammes ou 8,4 kilos de CO2... Cela méritait d’être souligné!

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Qui a envie de manger des fraises d'Espagne ?

PAR Claude-Marie Vadrot
Politis, jeudi 12 avril 2007

D'ici à la mi-juin, la France aura importé d'Espagne plus de 83 000 tonnes de fraises.
Enfin, si on peut appeler «fraises » ces gros trucs rouges, encore verts
près de la queue car cueillis avant d'être mûrs, et ressemblant à des
tomates. Avec d'ailleurs à peu près le goût des tomates...
Si le seul problème posé par ces fruits était leur fadeur, après tout,
seuls les consommateurs piégés pourraient se plaindre d'avoir acheté un
produit qui se brade actuellement entre deux et trois euros le kilo sur les
marchés et dans les grandes surfaces, après avoir parcouru 1 500 km en camion. À dix tonnes en
moyenne par véhicule, ils sont 16 000 par an à faire un parcours valant son
pesant de fraises en CO2 et autres gaz d'échappement. Car la quasi-totalité
de ces fruits poussent dans le sud de l'Andalousie, sur les limites du parc
national de Doñana, près du
delta du Guadalquivir, l'une des plus fabuleuses réserves d'oiseaux
migrateurs et nicheurs d'Europe.

Il aura fallu qu'une équipe d'enquêteurs du WWF-France s'intéresse à la
marée montante de cette fraise hors saison pour que soit révélée
l'aberration écologique de cette production qui étouffe la fraise française
(dont une partie, d'ailleurs, ne pousse pas dans de meilleures conditions
écologiques). Ce qu'ont découvert les
envoyés spéciaux du WWF, et que confirment les écologistes espagnols,
illustre la mondialisation bon marché.

Cette agriculture couvre près de six mille hectares, dont une bonne
centaine empiètent déjà en toute illégalité (tolérée) sur le parc national.
Officiellement, 60 % de ces cultures seulement sont autorisées ; les autres
sont des extensions « sauvages » sur
lesquelles le pouvoir régional ferme les yeux en dépit des protestations
des écologistes.

Les fraisiers destinés à cette production, bien qu'il s'agisse d'une plante
vivace productive plusieurs années, sont détruits chaque année. Pour donner
des fraises hors saison, les plants produits in vitro sont placés en plein
été dans
des frigos qui simulent l'hiver, pour avancer leur production. À l'automne,
la terre sableuse est nettoyée et stérilisée, et la microfaune détruite
avec du bromure de méthyl et de la chloropicrine. Le premier est un poison
violent interdit par le protocole de Montréal sur les gaz attaquant la
couche d'ozone, signé en 1987
(dernier délai en 2005) ; le second, composé de chlore et d'ammoniaque, est
aussi un poison dangereux : il bloque les alvéoles pulmonaires.

Qui s'en soucie ? La plupart des producteurs de fraises andalouses
emploient une main-d'oeuvre marocaine, des saisonniers ou des sans-papiers
sous-payés et logés dans des conditions précaires, qui se réchauffent le
soir en brûlant les résidus des serres en plastique recouvrant les
fraisiers au coeur de l'hiver.

.. Un écologiste de la région raconte l'explosion de maladies pulmonaires
et d'affections de la peau.

Les plants poussent sur un plastique noir et reçoivent une irrigation qui
transporte des
engrais, des pesticides et des fongicides. Les cultures sont alimentées en
eau par des forages dont la moitié ont été installés de façon illégale. Ce
qui transforme en savane sèche une partie de cette région d'Andalousie,
entraîne l'exode des oiseaux migrateurs et la disparition des derniers lynx
pardel, petits carnivores dont il ne reste plus qu'une trentaine dans la
région, leur seule nourriture, les lapins, étant en voie de disparition.
Comme la forêt, dont 2 000 hectares ont été rasés pour faire place aux
fraisiers.

La saison est terminée au début du mois de juin. Les cinq mille tonnes de
plastique sont soit emportées par le vent, soit enfouies n'importe où, soit
brûlées sur place

... Et les ouvriers agricoles sont priés de retourner chez eux ou de
s'exiler ailleurs en
Espagne. Remarquez : ils ont le droit de se faire soigner à leurs frais au
cas ou les produits nocifs qu'ils ont respiré ...

La production et l'exportation de la fraise espagnole, l'essentiel étant
vendu dès avant la
fin de l'hiver et jusqu'en avril, représente ce qu'il y a de moins durable
comme agriculture, et bouleverse ce qui demeure dans l'esprit du public
comme notion de saison. Quand la région sera ravagée et la production trop
onéreuse, elle sera
transférée au Maroc, où les industriels espagnols de la fraise commencent à
s'installer. Avant de venir de Chine, d'où sont déjà importées des pommes
encore plus traitées que les pommes françaises...

Anonyme a dit…

Je n'ai jamais mangé de fraises d'Espagne. Quand il y en a en Belgique j'en achète à la ferme près de chez moi et si c'est dans les magasins, je dois en connaître l'origine. Si ce n'est pas Belge, je ne mange pas.
Il faut quelques fois être radical pour aider les Belges à ne pas crever de faim à cause de toutes ces importations.