mercredi 31 janvier 2007

«Avion Rouge», ça bouge !

Le Collectif «Avion Rouge» se félicite des retombées positives (e-mails, presse, commentaires sur ce blog, etc.) qui font suite à l’article «Noël en famille ou 15 litres de pétrole», publié dans La Libre Belgique du 30 janvier 2007.
Nous nous réjouissons également qu’Ecolo ait rapidement pris la balle au bond en déposant une résolution demandant au gouvernement fédéral:

1/ de mettre en place un étiquetage symbolique représentant le type de transport du produit vendu;
2/ de lancer une campagne nationale de sensibilisation sur la problématique des émissions de CO2 dues au transport des produits de consommation;
3/ de faire remonter le dossier au niveau européen.

Nous sommes également impatients de savoir quelle sera la position des trois autres partis (CdH, MR, PS) sur cette question. En attendant, continuez à faire circuler la pétition autour de vous (en version électronique ou papier).
A ce propos, oui, quand vous signez la pétition en ligne, votre confidentialité est garantie. Seul le Collectif «Avion Rouge» a accès aux noms et adresses e-mail. C’est expliqué ici. Et pour que votre signature soit prise en compte, vous devrez impérativement cliquer sur un lien que vous recevrez quelques minutes plus tard dans un e-mail de confirmation.

En vous remerciant,

Le Collectif «Avion Rouge»

dimanche 28 janvier 2007

Pétition pour un étiquetage clair du mode de transport des marchandises intercontinentales

De plus en plus fréquemment, fruits, légumes, viandes et autres fleurs provenant des quatre coins de la planète nous sont proposés dans les commerces.

Lorsque ces produits sont acheminés en Belgique (ou en Europe) par avion, le coût énergétique est extrêmement élevé, avec des émissions de CO2 hors normes, 60 fois plus que le transport par voie maritime.

Par exemple, le seul transport aérien d’un kilo...
- de fraises d’Israël émet 2,6 kg de CO2, soit l’équivalent de 1 litre de pétrole.
- d’asperges du Pérou émet 8,4 kg de CO2, soit l’équivalent de 3,1 litres de pétrole.
- de bœuf d’Argentine émet 9 kg de CO2, soit l’équivalent de 3,4 litres de pétrole.
- d’agneau de Nouvelle-Zélande émet 15 kg de CO2, soit l’équivalent de 5,6 litres de pétrole.

Cette pratique n’est pas neuve mais dans le contexte actuel de réchauffement climatique, cela devient interpellant. Je ne souhaite pas interdire les importations de ces produits frais mais, en tant que consommateur, je désire pouvoir faire mon choix en connaissance de cause.

C’est la raison pour laquelle j’en appelle aux partis politiques démocratiques belges pour qu’ils légifèrent en la matière et imposent aux distributeurs l’application de logos (un avion rouge et un bateau bleu, par exemple) indiquant systématiquement et clairement le mode de transport utilisé pour le transport intercontinental de ces marchandises.


Signer la pétition


Cette pétition est réalisée à l’initiative du Collectif « Avion Rouge » composé de Fabrice Collignon (économiste, Liège), Pierre de Wit (architecte, Liège), David Leloup (journaliste, Liège), Pierre Ozer (docteur en sciences, Liège), Dominique Perrin (docteur en environnement, Flémalle), Sonia Veckmans (géographe, Yvoir) et Martin Willems (ingénieur, Rixensart).

Noël en famille ou 15 litres de pétrole…



La place du réchauffement climatique dans les médias, dans les préoccupations des citoyens et dans le débat politique est sans cesse croissante, tout comme l’est la concentration en dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère.

La semaine précédant Noël, j’ai décortiqué les publicités de mon hypermarché le plus proche pour préparer le repas familial tant attendu. Et voici ce que j’ai pu concocter pour huit personnes avec, entre parenthèses, les kilomètres parcourus entre le pays de production et la Belgique ainsi que les kilogrammes de CO2 émis uniquement pour le transport aérien intercontinental de ces produits achetés. L’analyse se focalise sur le transport par voie aérienne puisque celui-ci émet, en moyenne, 60 fois plus de CO2 que le transport par voie maritime.

D’abord, pour faire joli, je fais trôner un magnifique bouquet de vingt roses au centre de la table des grands jours. La provenance de ces magnifiques fleurs est kényane et le mode de transport est aérien (6.550 km, 5,2 kg de CO2).

Le décorum bien planté, commençons donc par un velouté d’asperges aux langoustines. Le légume vert nous vient directement du Pérou par avion (10.500 km, 12,5 kg de CO2) et les langoustines ont été acheminées, une fois décortiquées et congelées, par bateau depuis l’Indonésie (14.000 km). Remarquez que, du point de vue des émissions de CO2, il est encore préférable d’acheter des langoustines élevées en Asie du Sud-Est plutôt que ce même crustacé pêché en Ecosse – quel paradoxe ! En effet, ce dernier, une fois attrapé dans les eaux européennes, va faire un périple extraordinaire par bateau jusqu’en Thaïlande d’où, une fois décortiqué, il retournera sur le marché européen (22.000 km). Une délocalisation due au fait que je préfère, en cette veille de Noël tout comme les 364 autres jours de l’année, acheter des crustacés décortiqués. Et comme 70% des consommateurs ont opté pour ce gain de temps…

Après deux bonnes bouteilles de Sauvignon blanc chilien (11.900 km) à la robe jaune pâle, nous attaquons le plat de consistance. Bien décidé à offrir un mets exotique à mes chers convives, j'ai longtemps hésité entre le springbok - cette belle antilope - de Namibie (8.300 km), le kangourou australien (16.700 km), l’autruche d’Afrique du Sud (8.900 km), la biche de Nouvelle-Zélande (18.700 km) et le bison canadien (5.600 km). Un peu perdu, je me suis finalement engagé à faire un simple steak-frites-salade bien de chez nous. Sous le titre peut-être rigolo «on en a pour son argentin», mon hypermarché m’offre un steak de boeuf argentin venu par avion (11.300 km, 14,5 kg de CO2) à un prix 30% inférieur au Blanc-Bleu-Belge… Comment résister ? Pour les frites faites maison, j’achète des pommes de terres labellisées «bio» qui viennent du Sud de la France par camion. Quant à la salade, elle vient d’Espagne. Alors, l’espace d’un instant, je m’interroge… Pourquoi dit-on que c’est le plat traditionnel belge par excellence ? Mais ce questionnement futile se dissipe rapidement car je dois vite ouvrir les bouteilles de Cabernet Sauvignon californien (8.900 km), une vraie merveille dont l’attaque en bouche est ronde et corsée.

Et c’est mon épouse qui se charge du dessert tant attendu. Une salade de fruits réalisée exclusivement avec les fruits frais en promotion trouvés au magasin. Tenez-vous bien, il s’agit de poires nashi de Corée du Sud, de mangues, papayes, figues et melons charentais du Brésil, de fruits de la passion de Colombie, de grenades des Etats-Unis, de fraises d'Israël, d’ananas d'Amérique Centrale, de cerises d'Argentine et de caramboles de Malaisie. Nous décidons d’y ajouter deux kiwis de Nouvelle-Zélande, une orange d’Afrique du Sud et une pomme belge pour que tous les continents soient représentés dans le même récipient. Evidemment, alors que nous approchons des douze coups de minuit, qu’il fait toujours 10°C dehors et que mon fils de trois ans me répète que ce n’est pas Noël puisqu’il n’y a pas encore eu de neige, un tel dessert a un coût : une distance cumulée de 126.000 kilomètres et une facture approximative de 9 kg de CO2 émis. Là-dessus, je débouche une bouteille de mousseux blanc de Tasmanie, une île au sud de l’Australie (17.100 km).

In fine, fleurs et vins compris, la distance totale parcourue par tous ces produits est de 209.000 kilomètres, plus de cinq tours du monde, avec les émissions de 41,3 kg de CO2. Cela équivaut aux émissions de CO2 d’un véhicule ordinaire parcourant la distance de 258 kilomètres, soit approximativement 15 litres d’essence pour moins de six kilogrammes de nourriture !
Pourtant, avec un joli bouquet de houx au centre de la table, une délicieuse soupe au potiron en entrée, suivie du même steak-frites-salade à base de produits locaux, une salade de fruits sans fraises, cerises … venues par avion et des vins français nous permettraient de diminuer de plus de 80% les émissions de CO2 dues au transport.

Veiller à ce que nous mettons dans notre assiette fait partie des multiples petits actes citoyens que nous pouvons poser pour diminuer notre empreinte écologique. Le transport de marchandises par voie aérienne était de 2 milliards de tonnes-kilomètres transportées en 1960. En 2006, ce chiffre est passé à 150 milliards. Et la part des émissions de CO2 due aux transports aériens s’accroît chaque année.

Un supermarché scande «Vivez comme vous voulez», un autre clame «Et tout devient possible». Nous en sommes intimement convaincus. Et si nous, consommateurs, n’achetons plus de cerises d’Argentine, de fraises d’Israël ou de myrtilles du Chili en hiver, ils n’en proposeront plus. Ensemble, nous pouvons forcer le changement. Et tout cela sans réellement perdre de notre confortable qualité de vie.

Mais pour que le consommateur s’y retrouve, il faut l’aider à faire son choix en connaissance de cause. Nous en appelons donc au politique pour qu’il légifère en la matière et impose aux distributeurs l’application de logos (un avion rouge et un bateau bleu, par exemple) indiquant systématiquement et clairement le mode de transport utilisé pour le transport intercontinental de ces marchandises.

Pierre Ozer , chargé de recherche au Département des Sciences et Gestion de l’Environnement, Université de Liège

Dominique Perrin, cherche
ur à la Faculté universitaire des Sciences agronomiques de Gembloux